Mali-Guinée : Un pas de géant vers l’intégration
Cinq membres du gouvernement malien ont pris part hier au conseil des ministres de la République de Guinée, à l’invitation du président guinéen, le colonel Mamadi Doumbouya. L’initiative a été saluée à sa juste valeur par le chef de la délégation malienne, Abdoulaye Diop
La délégation ministérielle conduite en Guinée par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a participé hier à une session spéciale du conseil des ministres du gouvernement guinéen au palais Mohammed V de Conakry. Un fait inédit dans les relations entre les deux pays. Le chef de la diplomatie malienne, accompagné de quatre de ses collègues, a séjourné mercredi et jeudi à Conakry. Abdoulaye Diop était porteur d’un message du président de la Transition, le colonel Assimi Goïta à son homologue guinéen, le colonel Mamadi Doumbouya. Hier, deuxième jour de cette visite, la délégation malienne a d’abord été reçue par le Premier ministre par intérim, Bernard Goumou, avant de participer au conseil des ministres à la demande du président Mamadi Doumbouya.
A l’issue de ce conseil, Abdoulaye Diop a confié à la presse qu’il était porteur d’un message du président Assimi Goïta à son frère Mamadi Doumbouya. Il a exprimé la profonde gratitude du président de la Transition, du gouvernement et de l’ensemble du peuple malien à l’endroit du chef d’Etat et du peuple guinéens. Cela, pour la solidarité infaillible et remarquable dont le Mali a bénéficiée de la Guinée suite aux sanctions inhumaines, illégales, injustes et illégitimes de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (Cedeao).
«Nous avons été agréablement surpris par cette initiative du président de la Transition guinéenne de nous convier à cette session spéciale du conseil des ministres de Guinée», s’est réjoui Abdoulaye Diop, ajoutant que toute la délégation malienne a été très émue par ce geste qui est aussi le témoignage de l’engagement panafricain des présidents Mamadi Doumbouya et Assimi Goïta, héritiers d’une tradition dans ce sens depuis les présidents Kwamé N’krumah, Modibo Keïta et Ahmed Sékou Touré. «Etre convié à un conseil des ministres qui est l’instance suprême qui symbolise la souveraineté d’un pays, n’est pas un geste anodin. C’est d’abord un geste de confiance entre les deux pays, d’union, d’unité mais aussi de solidarité», a insisté Abdoulaye Diop.
COMMUNAUTÉ DE DESTIN- Le chef de la diplomatie malienne a dit comprendre ce geste également parce que le Mali et la Guinée traversent en ce moment des transitions politiques et ont besoin de renforcer davantage leur solidarité car il y a une communauté de destin. «La Guinée et le Mali sont deux Etats mais un seul pays et deux poumons d’un même corps», a-t-il souligné, avant d’ajouter que «c’est un message d’espoir à l’endroit de nos populations que nous devons continuer à travailler pour renforcer notre coopération, l’intégration entre nos deux pays et matérialiser les projets structurants qui nous permettent de réaliser cette volonté de nos chefs d’Etat». Abdoulaye Diop a soutenu ensuite que ce ne sont pas seulement les sanctions qui unissent les deux pays, mais elles «doivent constituer un réveil pour que nous fassions plus et mieux» car le destin de la Guinée et du Mali n’est qu’entre les mains de leurs peuples. «Qu’on arrête de nous donner des leçons et de nous faire des prescriptions», a martelé le ministre Diop qui précisera qu’il appartient aux Guinéens et aux Maliens de décider de ce qui est bien pour eux. «Nous serons à l’écoute des autres mais ils ne peuvent pas faire à notre place ce que nous devons faire. Ils doivent nous écouter, nous comprendre et nous accompagner sans condescendance et paternalisme», a conclu le chef de la diplomatie malienne.
VOIES FERRÉES- Pour sa part, son homologue guinéen dira que l’union entre les deux pays explique cette participation de la délégation malienne au conseil des ministres de son pays. Selon Dr Morissanda Kouyaté, les circonstances actuelles font que ce qui était théorique devient de plus en plus pratique. Il a remercié les chefs d’Etat guinéen et malien pour leurs initiatives, avant de saluer celle lumineuse du président Mamadi Doumbouya pour ce conseil des ministres ensemble. «Aujourd’hui, nous nous sommes sentis au Mali et les Maliens se sont sentis en Guinée», a souligné le chef de la diplomatie guinéenne, ajoutant que les deux nations sont dans la traduction concrète de tous les vœux que les pères fondateurs ont eu pour que les pays se donnent la main, surtout le Mali et la Guinée. Pour le ministre Kouyaté, ces deux Etats qui constituent les deux poumons d’un même corps font très bien respirer ce corps aujourd’hui.
De son côté, le Premier ministre par intérim, Bernard Goumou, a estimé que cette visite de la délégation ministérielle malienne prouve à suffisance que les chefs d’Etat guinéen et malien sont des panafricanistes et ne font que suivre la trace laissée par leurs prédécesseurs. Il a rappelé que le conseil des ministres est l’instance suprême des décisions d’un pays. Et le colonel Mamadi Doumbouya a demandé au collège de ministres guinéens et maliens de se mettre ensemble pour travailler sur trois axes : l’économie, le social et la politique pour le bien-être des populations des deux pays. D’après Bernard Goumou, le colonel Doumbouya a insisté sur le fait que les deux Etats devraient se mettre ensemble pour trouver les voies et moyens en matière d’infrastructures et des voies ferrées. Le Premier ministre intérimaire a assuré que c’est le souhait le plus ardent de la Guinée de voir les voies ferrées entre les deux pays.
Le ministre Diop est accompagné par ses collègues de l’Economie et des Finances Alousséni Sanou, de l’Administration territoriale et de la Décentralisation le colonel Abdoulaye Maïga, des Transports et des Infrastructures, Mme Dembélé Madina Sissoko et de l’Industrie et du Commerce, Mahmoud Ould Mohamed. Après Conakry, la délégation s’est rendue à Nouakchott où elle a été reçue par le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, pour livrer le même message de remerciement du président Assimi Goïta.
Envoyé spécial
Dieudonné DIAMA
L’Essor