Chronique éco: Les ravages de la crise sur l’économie
On estime que les pays subsahariens notamment utilisateurs du Franc des colonies françaises d’Afrique (FCFA) ont enregistré des progrès en matière de lutte contre la pauvreté. Mais la réalité est qu’ils sont, depuis près d’une décennie, confrontés aux plus graves crises économique, sociale et humanitaire de leur histoire. À cause des effets de la mauvaise gouvernance mais surtout de l’inadéquation des politiques économique et budgétaire imposées à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) par les accords monétaires qui les lient à la France.
Économiquement, comme lors de la décennie 70-80, nos pays supplient les prêteurs pour la suspension du service de la dette. Des sommets sont organisés au nom de nos États pour qu’ils aient accès à plus de Droits de tirages spéciaux (DTS). Afin, dit-on, de faire face aux effets de la crise sanitaire qui a pourtant impacté plus ces pays que les nôtres. Le taux de chômage a atteint le seuil d’alerte, même en milieu rural où tout le monde était actif.
Socialement, la fièvre des rues où il faut réussir à mobiliser le maximum de monde pour montrer ses muscles (symbole de légitimité !) demeure la règle pour les politiques, les syndicats, etc. Et eux tous contre ou face aux gouvernants.
Au plan humanitaire, les images de nos enfants malnutris (des adolescents de 10 ans ont l’air d’en avoir 3 ou 4 ans), des jeunes femmes ayant la peau sur les os, continuent d’être diffusées en boucle sur les chaines de télévisions occidentales. Le nombre de personnes en insécurité alimentaire et nutritionnelle, de déplacés internes et externes, n’avait jamais atteint le seuil inquiétant enregistré ces trois dernières années. Toutes les réponses préconisées ou apportées jusqu’ici se sont avérées inadaptées.
Ces calamités sont certes consécutives aux conflits armés, au terrorisme, aux effets néfastes du dérèglement climatique sur l’agriculture et de la crise sanitaire de Covid-19. Mais, ils s’expliquent surtout par l’incapacité de nos États à satisfaire les besoins existentiels des populations, à résoudre le problème de chômage massif des jeunes, à proposer des perspectives durables à ces ruraux devenus des proies faciles pour les terroristes qui les affament en les empêchant de cultiver ou de récoler, avant de les enrôler contre quelques billets de franc CFA pour ensuite gonfler les rangs de leurs combattants.
Le développement harmonieux et durable de nos pays est, de l’avis unanime d’experts, le seul remède pour espérer stopper cette série noire. La transformation structurelle de nos économies s’impose, selon eux. Il s’agit là, insistent les spécialistes, de produire et transformer ce dont nous avons besoin, et consommer ce que nous produisons et transformons. Pour y arriver, il faudrait acheter des biens d’équipements comme les machines et autres nécessaires à cet effet.
Comment y arriver si les 50% de nos recettes d’exportations (des devises), qui doivent nous permettre de le faire, sont toujours déposées dans les comptes d’opération au Trésor français. Comptes officiellement fermés depuis mai 2020 à la faveur d’un décret pris en Conseil des ministres par le gouvernement français, mais toujours alimentés. Car, nos dirigeants n’ont pas encore demandé leur rapatriement.