Confection des passeports maliens : La justice saisie d’une plainte contre Jean Yves Le Drian
Dans le cadre de ses missions de lutte contre la mauvaise gouvernance afin de restaurer l’honneur et la dignité de la nation malienne, le Mouvement Maliko composé de plusieurs organisations de la société civile malienne, à travers ses conseils, a déposé, le mardi 22 février 2022, une plainte sous le numéro 011 devant le Pôle économique et financier de Bamako contre l’actuel ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française, Jean Yves Le Drian, pour son implication dans l’attribution du marché frauduleux des passeports maliens. Afin d’informer l’opinion nationale et internationale sur les motivations de cette plainte, le président de l’organisation, Zanga Goïta, a animé, le mardi 1er mars dernier à la Bourse du travail, un point de presse.
Selon le conférencier, l’organisation a appris qu’en 2015, le marché de confection du passeport malien, précédemment détenu par la société canadienne “Bank Note”, a été attribué par le gouvernement du Mali à la société “Imedia”, connue auparavant sous l’appellation “Oberthur Technologie” dont le montant se chiffre à plusieurs milliards de francs Cfa. A le croire, ce marché a été attribué de gré à gré à la société Imedia sans appel d’offres ni appel à candidature, à la concurrence, même restreint. Ainsi, les procédures et règles instituées par la législation malienne, en particulier le Décret n° 2015 – 06040 du 25 septembre 2015 portant Code des marchés publics, ont été allègrement violées à l’occasion de l’attribution du marché susmentionné. Quelque temps après, poursuit-il, courant 2016 et suite au tollé provoqué par les circonstances particulières de la passation de ce marché entre le Gouvernement du Mali et la société en question, cela fera l’objet de vives interpellations par des députés à l’Assemblée nationale.
A ses dires, le non-respect des procédures mises en place a été mal perçu au sein de l’opinion publique malienne alors qu’en France, il continue, à ce jour, de provoquer de très nombreuses réactions. Ainsi, dit-il, un confrère avait fait des révélations sur cette sulfureuse affaire qui avait failli entraîner le limogeage de Jean Yves Le Drian, alors ministre français de la Défense au moment des faits.
Et d’ajouter que des investigations menées, il est ressorti en effet que l’actionnaire principal de la société Imedia, adjudicataire du marché public de confection du passeport malien, n’est autre que Monsieur Thomas Le Drian, fils de Jean Ives le Drian, actuel ministre français des Affaires étrangères, et ministre de la Défense au moment des faits.
En outre, précise-t-il, des investigations réalisées par des média internationaux et nationaux, il résulte que Jean Ives le Drian a usé de son influence auprès de nombreux autres Etats, notamment en Afrique et dans les Emirats Arabes Unis, pour faire du lobbying au profit des intérêts de son fils ou de ses amis.
En France même, le ministre Jean Yves Le Drian, décidément coutumier du fait, a suscité une vive polémique lorsqu’en 2014, son fils Thomas a été recruté en qualité de Chargé de mission auprès du Président directeur général de la Société nationale immobilière (SNI), une filiale de la Caisse de dépôts et des consignations, alors que manifestement Thomas, alors âgé de 29 ans, n’avait ni l’expérience, ni la compétence technique nécessaires pour occuper la fonction. A ses dires, l’ensemble des faits ci-dessus rappelés montre à suffisance que Jean Yves Le Drian, profitant habituellement de sa position de membre influent du gouvernement français, a procuré des avantages indus à son fils et à ses proches, n’a fait que dupliquer au Mali des agissements dont il est parfaitement coutumier. “Ces agissements, dans le cas précis de la passation du marché des passeports maliens, ont consisté à se procurer des avantages par l’interposition et en connivence avec des agents publics maliens sont constitutifs des infractions de prise illégale d’intérêt et de favoritisme, faits prévus et punis respectivement par les dispositions du Code pénal malien”. Pour finir, il a laissé entendre que la même action est en cours pour poursuivre Jean Yves Le Drian devant les juridictions françaises pour les mêmes faits.
Boubacar PAÏTAO