Wagner-Gate: Choguel clarifie l’affaire
Présente au Mali depuis 2018, notamment pour sécuriser l’ambassade russe à Bamako comme dans d’autres capitales à travers le monde, la société Wagner est à la une de l’actualité depuis la révélation non démentie de Reuters de la possibilité de partenariat entre elle avec le l’État malien. Les arguties de la diversification du partenariat dans le domaine de la défense et de la sécurité alignées n’estompent guère la colère de Paris qui ne se satisfait pas d’un «nous n’avons rien signé avec Wagner, mais nous discutons avec tout le monde».
La France coutumière des lettres de cachet ne peut accepter qu’une de ses colonies, pardon ex-colonies, le Mali pour lequel plus de cinquante de ses soldats sont morts en opération depuis 2013, se départisse du devoir de reconnaissance ad vitam aeternam envers elle pour imaginer pactiser avec la Russie de Poutine via la société Wagner. Pour cette France, chantre des droits de l’homme et pays de la liberté, point n’est libre le Mali souverain de contracter avec qui il le veut pour sa sécurité et sa défense, mais il devrait toujours prendre ses ordres auprès d’elle. Parce qu’au cas, elles l’ignoreraient, selon Mme la ministre des Armées Florence PARLY qui s’exprimait sur le sujet la semaine dernière(mardi) devant la Commission de la Défense nationale de l’Assemblée « si les autorités maliennes devaient contractualiser avec la société Wagner, ce serait extrêmement préoccupant et contradictoire, incohérent (…) » avec l’action de la France au Sahel…. Soufflant dans la même trompette que son homologue de la Défense devant la même Commission, le Chef de la diplomatie française, le Corse Jean-Yves Le Drian estime : «c’est absolument inconciliable avec notre présence ».
Le Franc-Malien servit jeudi par le Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA avec des révélations troublantes n’arrange pas la tempête entre Bamako-Paris. Suite à la sortie du Premier ministre Choguel MAIGA qui a expliqué que Wagner est le plan B malien, Paris était en train d’étudier son plan B qui consistait en l’évacuation de ses troupes vers le Niger et une lâchée des djihadistes sur Bamako. La question est pourquoi Wagner, pardon la Russie, fait si peur à la France ?
En dépit du démenti officiel du Kremlin, ce mercredi 15 septembre, qui a annoncé qu’aucune négociation officielle n’est en cours, Paris ne décolère pas. Engagée visiblement dans une épreuve de nerf avec les colonels de Bamako ligués avec leurs homologues de Conakry, la France ne semble pas réaliser que le temps des menaces est révolu et celui de la géopolitique africaine a totalement changé de paradigme, pour ne pas dire qu’elle n’est plus en odeur de sainteté en Afrique. Le repli des forces françaises vers le Niger pourrait-t-il aller sans problème avec l’opinion publique nigérienne qui se pose légitimement la question pourquoi son uranium fait de la France la première puissance nucléaire du monde alors que les Nigériens dorment encore à la lumière des lampes tempêtes ?
En attendant que Paris son nouvel allié dans sa croisade contre le Mali ne se ressaisissent voici les réactions à enregistrées à la suite de l’affaire Wagner au Mali. Le Premier ministre, Choguel Kokalla MAIGA, s’est exprimé, vendredi, sur l’envoi éventuel dans le pays de mercenaires russes du groupe de sécurité Wagner. Voici ce qu’il a dit.
Vous savez, les questions sécuritaires sur lesquelles on a énormément de difficultés aujourd’hui. Parce que la situation est celle que vous savez. Vous avez des partenaires qui ont changé un peu leur politique. Vous avez, après le changement 18 août, sinon bien avant, des partenaires qui ont décidé requitter le Mali pour se replier sur d’autres pays.
Il des zones qui sont abandonnées qu’il faut occuper aujourd’hui, on ne peut pas laisser le vide.
Les forces ne suffisent pas pour amener une certaine dispersion des forces.
Nous sommes obligés aujourd’hui de nous interroger, si de la même façon dont les partenaires ont décidé de quitter certaines localités, s’ils décident désormais de partir, qu’est-ce qu’on fait ?
On est obligé de nous interroger. Est-ce qu’il ne faut pas avoir un plan B ? D’autant plus qu’on a vu des pays qu’on a lâché et les gens se sont retrouvés seuls.
C’est cette réflexion qui conduit à des débats aujourd’hui. On nous accuse de vouloir changer de stratégie. Le président (Ndlr : le Colonel Assimi GOÏTA) a dit simplement à la CEDEAO qu’on ne peut pas dans une situation où on apprend qu’il y a une attaque quelque part, on un hélico qu’on veut faire voler pour aller, on nous l’interdit. Au motif que cette zone, c’est une zone d’entraînement d’autres forces partenaires. Cette situation ne peut pas continuer.
C’était par le passé, mais aujourd’hui, on ne peut continuer dans ça.
Ça, c’est très clair. On ne peut pas nous interdire d’acheter du matériel à un pays si on a un accord parce qu’un autre ne veut pas.
On ne peut nous empêcher d’envoyer des gens se former dans un pays donné, parce qu’un pays ne veut pas. Et ce, d’autant plus qu’au départ, l’intervention des forces internationales était justifiée par 3 raisons :
Premièrement : détruire le terrorisme.
Deuxièmement, aider l’État malien à étendre son autorité et sa souveraineté sur l’ensemble du territoire.
Et troisièmement, appliquer les résolutions des Nations Unies.
Le terrorisme s’est étendu ; l’autorité et la souveraineté de l’État ne sont pas restaurées partout ; les résolutions des Nations Unies changent chaque année.
La dernière, c’est celle qui devrait passer, il y a deux semaines, le Mali a refusé l’augmentation du contingent de la MINUSMA, parce que ç’a été fait sans nous.
D’habitude, ça se fait sans le Mali, cette fois, on dit qu’on n’est pas d’accord. Donc, on dit à notre ambassadeur de s’opposer.
On ne peut pas augmenter le nombre d’éléments de la MINUSMA sans savoir pourquoi, qu’est-ce qu’ils vont faire ? Et qu’on discute. C’est ce qu’on a fait pendant 9 ans.
On va vers d’autres horizons. Je l’ai dit dans mon discours à la place de l’Indépendance le 4 juin alors que je n’étais pas investi par le président de sa confiance. Mais, j’avais déjà la désignation du M5.
J’avais dit très clairement qu’il faut qu’on ait la possibilité de regarder vers d’autres horizons, qu’on élargisse les possibilités de coopération pour maîtriser notre défense nationale. Ce n’est pas plus compliqué que ça.
Maintenant, naturellement, tout ce changement est difficile à être accepté, il n’y a rien d’autre que ça. Voilà là où nous en sommes.