Edito : Des ANRM irrévocables!
Ce jeudi 09 septembre 2021, le PM a rencontré les Représentants du Corps diplomatique et consulaire accrédités au Mali. Choguel K Maïga leur a informé de l’adoption du Plan d’Actions gouvernemental (PAG), structuré autour de Quatre AXES majeurs qui se veulent une réponse « urgente, courageuse et cohérente aux défis économique, sécuritaire, politique, social et institutionnel » du Mali. Mais la quintessence de cette rencontre est sans conteste l’annonce aux diplomates de la décision du Gouvernement de tenir des Assises Nationales de la Refondation du Mali (ANRM) irrévocables, sur la base d’un véritable consensus, pour déterminer le chronogramme précis des futures élections générales. Ce qui signifie en français facile qu’il n’y aura pas d’élections avant la tenue des ANRM (prévues fin septembre début octobre 2021). Faut-il alors s’attendre à une prorogation de la Transition en cours afin d’établir un nouveau chronogramme détaillé pour la tenue des élections ? Certainement, mais point d’unanimité sur la question.
Il y a une semaine, le médiateur de la CEDEAO était au Mali. Il y a rencontré le Comité de Suivi de la Transition malienne, le Gouvernement et des acteurs politiques. Mais le sommet virtuel de la CEDEAO sur le Mali décidait, quelques jours après, de demeurer inflexible sur la durée de la Transition (15 mois à partir du début de sa première phase). Son éventuelle prorogation préoccupe l’organisation. Laquelle demande au gouvernement de transition de respecter la date des élections prévues en février 2022 et de présenter rapidement un chronogramme détaillant le calendrier électoral. L’ensemble de la Communauté internationale (UA, UE, ONU) est quasiment alignée sur la position de la CEDEAO. Cette dernière finira-t-elle à changer d’avis, en respectant in fine l’avis souverain du peuple malien? S’il est difficile d’y répondre, de toute façon, les relations internationales sont beaucoup basées sur la real politik que sur les principes.
Une chose est aussi très claire : les acteurs politiques maliens sont largement divisés sur la tenue des ANRM pour déterminer une éventuelle rallonge de la Transition ou un chronogramme précis pour la tenue des futures élections générales. Le débat est très houleux. Choguel K Maïga estime que « la majorité des Maliens ne veut pas d’une Transition qui perdure, mais la majorité des Maliens ne veut pas non plus d’une Transition bâclée qui va nous conduire à l’impasse encore.». En clair, le PM sous-entend une rallonge mais il n’est pas le seul à défendre une éventuelle prolongation de la Transition au Mali. Le Chérif de Nioro du Sahel, Mohamed Ould Cheickné Bouyé Haïdara, l’influent Homme politico-religieux du pays ne cesse de soutenir la même position.
Toutefois, de nombreux partis politiques sont opposés à toute idée de prorogation de la Transition en cours. C’est le cas des Fare An Ka Wuli et du Parena. Les deux partis ont réitéré, le 17 août, leur attachement au respect des engagements souscrits par les autorités de la Transition face au peuple malien et à la communauté Internationale, fixant la fin de la transition au 1er trimestre de 2022. La CNAS-Faso Hèrè de l’ancien Premier ministre Soumana Sacko est aussi contre une prolongation de toute Transition.
La coalition des partis et regroupements politiques pour une Transition réussie au Mali est aussi intransigeante sur le respect de la durée de la transition. Regroupant les partis politiques RPM, ADEMA, ASMA, CODEM, YELEMA, ARP, RDS, CDS, PS Yelen Koura, APR, …, cette coalition estime que « le retour rapide à l’ordre constitutionnel normal est la condition indispensable à la mise en place d’une gouvernance légitime et réellement représentative du peuple, à la levée des mesures de suspension du Mali des instances de différents organismes régionaux et internationaux, au retour de la stabilité politique, économique et sociale dans notre pays et celui des partenaires et des investisseurs potentiels pour la création d’emplois et l’amélioration des conditions de vie des Maliens ». Pourtant le PM Choguel voit autrement les choses. Parviendra-t-il à imposer son tempo à l’ensemble de la classe politique ?
Gaoussou Madani Traoré